Sur le Pembrokeshire Coast Path : Douzième étape, de Fishguard à Newport
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English version here
Après l'étape marathon de la veille, cette douzième et avant-dernière journée de marche est plus courte et plus facile, l'occasion de souffler un peu avant une ultime étape réputée difficile. Je fais la grasse matinée, ne me levant qu'à huit heures et demie et ne descendant déjeuner qu'à neuf heures. C'est l'un des meilleurs petits déjeuners de tout l'itinéraire, avec toutes les options habituelles et, en plus, du laver bread, sorte de galette faite avec des algues et des céréales. Je me dis que cette spécialité locale sera soit délicieux, soit absolument dégoutant, et suis un peu déçu de découvrir qu'elle est quasi dépourvue de goût. Le propriétaire du bed & breakfast me dit que pour que ce soit un petit déjeuner régional vraiment authentique, il faudrait qu'il y ait également des bulots… option qui n'est heureusement pas proposée, car je me serais senti obligé d'en manger et soupçonne que les conséquences auraient été néfastes ! A la table voisine, je suis surpris d'entendre parler français… et encore plus étonné d'apprendre que ce jeune couple parisien est en voyage de noces à Fishguard, avec ses magasins fermés et son absence presque totale d'endroits pour manger. Je me demande ce qui les aurait fait choisir un tel endroit… de la famille dans la région peut-être.
Prenant toujours tout mon temps, je remonte la rue principale jusqu'à la supérette, achète à manger pour les deux derniers midis, puis me dirige tranquillement vers le point où j'ai quitté le sentier du littoral hier soir. Fishguard se rachète un peu : il y a une galerie d'art très intéressante, bien garnie en œuvres d'artistes régionaux de très bon calibre. Il y a notamment des paysages marins somptueux et une magnifique série de sous-bois semi-abstraits, tout en jeux d'ombres et de lumière. Si j'avais eu £8,000 à dépenser, j'aurais pu repartir avec quelque chose de fort joli.
Je passe une demi-heure à l'intérieur de la galerie et, lorsque je rejoins enfin le sentier, il est déjà 10h 45. La météo semble suivre le même plan qu'hier : le ciel était nuageux quand je me suis levé, il est même tombé quelques gouttes pendant le petit déjeuner, mais le temps d'arriver à l'ancien village de pêcheurs de Lower Fishguard, le ciel bleu est en train de prendre le dessus. C'est marée basse, et je passe un moment agréable à marcher sur le sable du port entre les bateaux, enjambant ancres, câbles et bouées. Les vieilles maisons bordant le port sont en pierre grise pour la plupart, mais quelques-unes ont été repeintes de couleurs vives ; l'ensemble est sympa. Je remonte vers le haut de la falaise, laissant Fishguard derrière moi : une ville qui semble avoir beaucoup de potentiel, mais qui n'a pas encore réussi à déterminer comment l'utiliser.
Après les paysages sauvages des derniers jours, aujourd'hui est un retour à un littoral plus doux, un peu comme celui du tout premier jour entre Amroth et Tenby. Les falaises de Fishguard Bay sont plus basses que celles de la côte environnante, les champs semblent plus verts et le sentier est souvent envahi d'herbes folles, signe que cette étape est peut-être moins courue que la précédente. Pendant les 90 premières minutes de marche, je ne vois absolument personne ; même après, je ne verrai que peu d'autres marcheurs. J'ai de la peine à rentrer mentalement dans l'étape ce matin ; je me sens un peu détaché et n'arrive pas à prendre autant de plaisir que les autres jours. Il y a sans doute une combinaison de raisons pour cela : non seulement le paysage moins dramatique, mais aussi peut-être parce que la fin est tout proche et je me prépare déjà inconsciemment pour cette fin.
Comme d'habitude, le sentier est une alternance de sections relativement plates en haut des falaises et de plongées dans de petits vallons, où des ruisseaux se jettent dans la mer en traversant de petites plages loin de tout. Devant, l'immense bloc de Dimas Head se rapproche : je ferai le tour de ce grand cap dans le courant de l'après-midi. Pour la première fois, dans ces vallons abrités, je vois des arbres fruitiers en pleine floraison : le soleil et la douceur des trois ou quatre derniers jours ont enfin permis au printemps de s'éclore après un mois d'avril et une première partie de mai très froids.
Quittant un nouveau vallon, le sentier grimpe, raide, vers un grand parc à mobilhomes particulièrement laid, que je suis obligé de traverser. Une fois de plus, je m'étonne que ce genre d'installation soit autorisé dans un parc national. Au-delà, l'itinéraire quitte enfin Fishguard Bay et se tourne vers le large ; du coup, le paysage recommence à devenir plus rugueux, les montées et descentes plus raides. Comme hier, il y a un Aber Bach ; celui-ci est une magnifique petite plage dans un vallon du bout du monde. Ce serait l'endroit parfait pour manger, mais ça ne fait même pas deux heures que je marche, il faut encore avancer. Je remonte sur la falaise, observant quelques arbres isolés qui ont pris des formes étranges, tordus et penchés par des décennies de lutte contre le vent d'ouest qui souffle de manière quasi permanente. Je dépasse deux randonneurs allemands qui vont très lentement : l'un d'eux a de toute évidence de la peine avec toutes les descentes et remontées. Le sentier est souvent sous-estimé – après tout, ce n'est même pas de la montagne – et pourtant il exige une très bonne forme physique.
La prochaine vallée, Pwllgwaelod, est plus vaste. Il y a une assez grande plage, une petite route et – ô bonne surprise – un pub juste à côté du sentier. Jusqu'ici, j'ai toujours résisté à la tentation de la bière à midi, les quelques jours où l'option était là. Mais aujourd'hui sera la dernière occasion ; alors, même si je viens d'acheter tout ce qu'il faut pour pique-niquer, je décide de sacrifier mon sandwich Coop pour la bonne cause. Je commande une pinte de Double Dragon et un bol de cawl, cette bonne soupe galloise à base de mouton et de légumes, une de ces soupes qui fait plat principal à elle seule, juste ce qu'il faut par un jour frisquet comme aujourd'hui. Le cawl est toujours servi accompagné d'un morceau de fromage, dont je ne sais jamais trop quoi faire : le couper en petits morceaux et le mettre dans la soupe, ou le manger à part ? Les deux Allemands arrivent, l'air bien fatigués, alors que je me prépare à repartir.
Voici maintenant Dinas Head, un grand bloc rectangulaire qui part du niveau de la mer, puis monte vers le nord jusqu'à une altitude de 125 mètres. Il y a plus de monde ici, des gens venus simplement pour faire le tour du cap, une balade d'une heure et demie depuis le parking à côté du pub. Le vent s'est levé et, pendant toute la montée du côté ouest du cap, je dois lutter contre les forces unies de la pente et du vent pour avancer. Bizarrement, au point culminant, l'air est parfaitement calme. Le côté est du rectangle est plus sauvage ; le sentier n'est qu'un mince ruban de terre battue qui traverse des pentes d'herbe raides au-dessus de la falaise, un peu exposé par endroits. Vers l'est, je vois bien l'embouchure de l'estuaire à Newport, ma destination du jour. Entre deux, une nouvelle succession de falaises surmontées de prés très verts là où le soleil les éclaire.
Le sentier descend joliment entre des arbres fleuris, avant de retrouver le niveau de la mer au petit village de Cwm-yr-Eglwys, dont la plage et les maisons restent cachées jusqu'au tout dernier moment. Il y a une église ruinée du douzième siècle ici, détruite par une tempête au cours du 19ème siècle. Il n'en reste pas grand-chose : juste un mur de pignon et quelques pierres tombales en bordure de plage. Une petite route d'une raideur inhabituelle quitte la vallée de Cwm-yr-Eglwys (qui veut dire "vallée de l'église", encore un nom gallois bien pragmatique), avant que je retrouve le sentier au bout d'un quart d'heure. Il y a eu des éboulements ici ; à un endroit, la falaise s'est complètement effondrée dans la mer sur une longueur de quelque cinquante mètres, emportant le sentier avec lui. Je redescends au bord de la mer à Fforest, encore une belle petite plage dans un vallon perdu. Ce vallon possède quelques options supplémentaires: une zone marécageuse et un petit lagon au-dessus du banc de galets qui borde la plage. Une dernière montée raide m'amène au bord des prés verts que j'avais vus depuis les hauteurs de Dinas Head. La mer est devenue houleuse, et de grosses vagues se fracassent contre la base des falaises ici. En entrant dans la baie de Newport, je vois toute la puissance de ces vagues qui avancent vite vers la plage en un chaos d'écume blanche.
L'arrivée à Newport est, sans aucun doute, la plus jolie de toutes les étapes que j'ai faites. Le sentier longe la côte rocheuse, parallèle aux vagues qui se ruent vers la terre, où ils se brisent sur le grand banc de sable qui sépare la mer des eaux calmes de l'estuaire derrière. Une rivière s'écoule dans la mer par une brèche dans le banc de sable, mais aujourd'hui son écoulement a trouvé un adversaire surpuissant, en la forme du vent et de la marée réunies. Derrière le banc de sable, de nombreuses petites embarcations mouillent tranquillement. Sortir de l'estuaire de Newport vers le large dans un petit voilier doit être toute une aventure, le passage de la zone plus qu'agitée où rivière et mer se retrouvent ne doit pas être évident. Derrière ce premier plan agité, les maisons roses et blanches de Parrog, hameau situé juste à l'entrée de l'estuaire, forment un joli ensemble sur fond de montagnes et de ciel gris-bleu. Un homme se tient debout sur un rocher juste au-dessus de l'écume, canne à pêche à la main. Une jeune femme aux cheveux courts qui promène un énorme chien blanc me fait un grand sourire… j'ai une très bonne première impression de Newport.
Le B&B où je dors ce soir se trouve complètement à l'autre bout du village. Restant sur le sentier du littoral, je remonte le long de l'estuaire avec une forêt à droite et des champs de roseaux et des étangs à gauche. Tout est calme ici, quelle contraste par rapport à la mer devant l'entrée du port ! Des enfants font du kayak sur l'eau calme et peu profonde. Au pont de fer du 19ème siècle qui permet à la route principale de traverser l'estuaire, je quitte le sentier et entre en ville.
Après onze nuits de pubs, de fermes et de maisons de maître, je suis surpris et un peu déçu de voir que mon dernier hébergement ressemble à une villa de banlieue. Mais l'accueil est agréable et ma chambre, une fois de plus, est grande et plus que confortable. La cabine de douche est tout simplement immense et j'en profite pleinement, avant de faire une petite sieste allongé sur le grand lit.
Même si Newport est bien plus petit que Fishguard, les options pour manger et boire sont infiniment plus nombreuses. Alors que Fishguard semblait mourir lentement, Newport est en pleine vie. Le long de la rue principale, je compte deux restaurants et au moins cinq pubs, tous proposant une carte alléchante. Je choisi le Golden Lion, un pub animé pas loin de l'endroit où je dors. Je commande un curry au poulet et une première bière et m'installe pour faire les tâches rituelles une dernière fois : récapitulation de l'étape du jour avec mes deux topo-guides, reconnaissance de l'étape du lendemain, écriture du journal. Mon curry est épicé et savoureux, la bière est rafraîchissante et tout aussi savoureuse, et c'est en randonneur comblé que je rentre me coucher pour la douzième et dernière fois. Dans vingt-quatre heures, je serai de retour dans le monde du quotidien…
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Après l'étape marathon de la veille, cette douzième et avant-dernière journée de marche est plus courte et plus facile, l'occasion de souffler un peu avant une ultime étape réputée difficile. Je fais la grasse matinée, ne me levant qu'à huit heures et demie et ne descendant déjeuner qu'à neuf heures. C'est l'un des meilleurs petits déjeuners de tout l'itinéraire, avec toutes les options habituelles et, en plus, du laver bread, sorte de galette faite avec des algues et des céréales. Je me dis que cette spécialité locale sera soit délicieux, soit absolument dégoutant, et suis un peu déçu de découvrir qu'elle est quasi dépourvue de goût. Le propriétaire du bed & breakfast me dit que pour que ce soit un petit déjeuner régional vraiment authentique, il faudrait qu'il y ait également des bulots… option qui n'est heureusement pas proposée, car je me serais senti obligé d'en manger et soupçonne que les conséquences auraient été néfastes ! A la table voisine, je suis surpris d'entendre parler français… et encore plus étonné d'apprendre que ce jeune couple parisien est en voyage de noces à Fishguard, avec ses magasins fermés et son absence presque totale d'endroits pour manger. Je me demande ce qui les aurait fait choisir un tel endroit… de la famille dans la région peut-être.
Prenant toujours tout mon temps, je remonte la rue principale jusqu'à la supérette, achète à manger pour les deux derniers midis, puis me dirige tranquillement vers le point où j'ai quitté le sentier du littoral hier soir. Fishguard se rachète un peu : il y a une galerie d'art très intéressante, bien garnie en œuvres d'artistes régionaux de très bon calibre. Il y a notamment des paysages marins somptueux et une magnifique série de sous-bois semi-abstraits, tout en jeux d'ombres et de lumière. Si j'avais eu £8,000 à dépenser, j'aurais pu repartir avec quelque chose de fort joli.
Je passe une demi-heure à l'intérieur de la galerie et, lorsque je rejoins enfin le sentier, il est déjà 10h 45. La météo semble suivre le même plan qu'hier : le ciel était nuageux quand je me suis levé, il est même tombé quelques gouttes pendant le petit déjeuner, mais le temps d'arriver à l'ancien village de pêcheurs de Lower Fishguard, le ciel bleu est en train de prendre le dessus. C'est marée basse, et je passe un moment agréable à marcher sur le sable du port entre les bateaux, enjambant ancres, câbles et bouées. Les vieilles maisons bordant le port sont en pierre grise pour la plupart, mais quelques-unes ont été repeintes de couleurs vives ; l'ensemble est sympa. Je remonte vers le haut de la falaise, laissant Fishguard derrière moi : une ville qui semble avoir beaucoup de potentiel, mais qui n'a pas encore réussi à déterminer comment l'utiliser.
Après les paysages sauvages des derniers jours, aujourd'hui est un retour à un littoral plus doux, un peu comme celui du tout premier jour entre Amroth et Tenby. Les falaises de Fishguard Bay sont plus basses que celles de la côte environnante, les champs semblent plus verts et le sentier est souvent envahi d'herbes folles, signe que cette étape est peut-être moins courue que la précédente. Pendant les 90 premières minutes de marche, je ne vois absolument personne ; même après, je ne verrai que peu d'autres marcheurs. J'ai de la peine à rentrer mentalement dans l'étape ce matin ; je me sens un peu détaché et n'arrive pas à prendre autant de plaisir que les autres jours. Il y a sans doute une combinaison de raisons pour cela : non seulement le paysage moins dramatique, mais aussi peut-être parce que la fin est tout proche et je me prépare déjà inconsciemment pour cette fin.
Comme d'habitude, le sentier est une alternance de sections relativement plates en haut des falaises et de plongées dans de petits vallons, où des ruisseaux se jettent dans la mer en traversant de petites plages loin de tout. Devant, l'immense bloc de Dimas Head se rapproche : je ferai le tour de ce grand cap dans le courant de l'après-midi. Pour la première fois, dans ces vallons abrités, je vois des arbres fruitiers en pleine floraison : le soleil et la douceur des trois ou quatre derniers jours ont enfin permis au printemps de s'éclore après un mois d'avril et une première partie de mai très froids.
Quittant un nouveau vallon, le sentier grimpe, raide, vers un grand parc à mobilhomes particulièrement laid, que je suis obligé de traverser. Une fois de plus, je m'étonne que ce genre d'installation soit autorisé dans un parc national. Au-delà, l'itinéraire quitte enfin Fishguard Bay et se tourne vers le large ; du coup, le paysage recommence à devenir plus rugueux, les montées et descentes plus raides. Comme hier, il y a un Aber Bach ; celui-ci est une magnifique petite plage dans un vallon du bout du monde. Ce serait l'endroit parfait pour manger, mais ça ne fait même pas deux heures que je marche, il faut encore avancer. Je remonte sur la falaise, observant quelques arbres isolés qui ont pris des formes étranges, tordus et penchés par des décennies de lutte contre le vent d'ouest qui souffle de manière quasi permanente. Je dépasse deux randonneurs allemands qui vont très lentement : l'un d'eux a de toute évidence de la peine avec toutes les descentes et remontées. Le sentier est souvent sous-estimé – après tout, ce n'est même pas de la montagne – et pourtant il exige une très bonne forme physique.
La prochaine vallée, Pwllgwaelod, est plus vaste. Il y a une assez grande plage, une petite route et – ô bonne surprise – un pub juste à côté du sentier. Jusqu'ici, j'ai toujours résisté à la tentation de la bière à midi, les quelques jours où l'option était là. Mais aujourd'hui sera la dernière occasion ; alors, même si je viens d'acheter tout ce qu'il faut pour pique-niquer, je décide de sacrifier mon sandwich Coop pour la bonne cause. Je commande une pinte de Double Dragon et un bol de cawl, cette bonne soupe galloise à base de mouton et de légumes, une de ces soupes qui fait plat principal à elle seule, juste ce qu'il faut par un jour frisquet comme aujourd'hui. Le cawl est toujours servi accompagné d'un morceau de fromage, dont je ne sais jamais trop quoi faire : le couper en petits morceaux et le mettre dans la soupe, ou le manger à part ? Les deux Allemands arrivent, l'air bien fatigués, alors que je me prépare à repartir.
Voici maintenant Dinas Head, un grand bloc rectangulaire qui part du niveau de la mer, puis monte vers le nord jusqu'à une altitude de 125 mètres. Il y a plus de monde ici, des gens venus simplement pour faire le tour du cap, une balade d'une heure et demie depuis le parking à côté du pub. Le vent s'est levé et, pendant toute la montée du côté ouest du cap, je dois lutter contre les forces unies de la pente et du vent pour avancer. Bizarrement, au point culminant, l'air est parfaitement calme. Le côté est du rectangle est plus sauvage ; le sentier n'est qu'un mince ruban de terre battue qui traverse des pentes d'herbe raides au-dessus de la falaise, un peu exposé par endroits. Vers l'est, je vois bien l'embouchure de l'estuaire à Newport, ma destination du jour. Entre deux, une nouvelle succession de falaises surmontées de prés très verts là où le soleil les éclaire.
Le sentier descend joliment entre des arbres fleuris, avant de retrouver le niveau de la mer au petit village de Cwm-yr-Eglwys, dont la plage et les maisons restent cachées jusqu'au tout dernier moment. Il y a une église ruinée du douzième siècle ici, détruite par une tempête au cours du 19ème siècle. Il n'en reste pas grand-chose : juste un mur de pignon et quelques pierres tombales en bordure de plage. Une petite route d'une raideur inhabituelle quitte la vallée de Cwm-yr-Eglwys (qui veut dire "vallée de l'église", encore un nom gallois bien pragmatique), avant que je retrouve le sentier au bout d'un quart d'heure. Il y a eu des éboulements ici ; à un endroit, la falaise s'est complètement effondrée dans la mer sur une longueur de quelque cinquante mètres, emportant le sentier avec lui. Je redescends au bord de la mer à Fforest, encore une belle petite plage dans un vallon perdu. Ce vallon possède quelques options supplémentaires: une zone marécageuse et un petit lagon au-dessus du banc de galets qui borde la plage. Une dernière montée raide m'amène au bord des prés verts que j'avais vus depuis les hauteurs de Dinas Head. La mer est devenue houleuse, et de grosses vagues se fracassent contre la base des falaises ici. En entrant dans la baie de Newport, je vois toute la puissance de ces vagues qui avancent vite vers la plage en un chaos d'écume blanche.
L'arrivée à Newport est, sans aucun doute, la plus jolie de toutes les étapes que j'ai faites. Le sentier longe la côte rocheuse, parallèle aux vagues qui se ruent vers la terre, où ils se brisent sur le grand banc de sable qui sépare la mer des eaux calmes de l'estuaire derrière. Une rivière s'écoule dans la mer par une brèche dans le banc de sable, mais aujourd'hui son écoulement a trouvé un adversaire surpuissant, en la forme du vent et de la marée réunies. Derrière le banc de sable, de nombreuses petites embarcations mouillent tranquillement. Sortir de l'estuaire de Newport vers le large dans un petit voilier doit être toute une aventure, le passage de la zone plus qu'agitée où rivière et mer se retrouvent ne doit pas être évident. Derrière ce premier plan agité, les maisons roses et blanches de Parrog, hameau situé juste à l'entrée de l'estuaire, forment un joli ensemble sur fond de montagnes et de ciel gris-bleu. Un homme se tient debout sur un rocher juste au-dessus de l'écume, canne à pêche à la main. Une jeune femme aux cheveux courts qui promène un énorme chien blanc me fait un grand sourire… j'ai une très bonne première impression de Newport.
Le B&B où je dors ce soir se trouve complètement à l'autre bout du village. Restant sur le sentier du littoral, je remonte le long de l'estuaire avec une forêt à droite et des champs de roseaux et des étangs à gauche. Tout est calme ici, quelle contraste par rapport à la mer devant l'entrée du port ! Des enfants font du kayak sur l'eau calme et peu profonde. Au pont de fer du 19ème siècle qui permet à la route principale de traverser l'estuaire, je quitte le sentier et entre en ville.
Après onze nuits de pubs, de fermes et de maisons de maître, je suis surpris et un peu déçu de voir que mon dernier hébergement ressemble à une villa de banlieue. Mais l'accueil est agréable et ma chambre, une fois de plus, est grande et plus que confortable. La cabine de douche est tout simplement immense et j'en profite pleinement, avant de faire une petite sieste allongé sur le grand lit.
Même si Newport est bien plus petit que Fishguard, les options pour manger et boire sont infiniment plus nombreuses. Alors que Fishguard semblait mourir lentement, Newport est en pleine vie. Le long de la rue principale, je compte deux restaurants et au moins cinq pubs, tous proposant une carte alléchante. Je choisi le Golden Lion, un pub animé pas loin de l'endroit où je dors. Je commande un curry au poulet et une première bière et m'installe pour faire les tâches rituelles une dernière fois : récapitulation de l'étape du jour avec mes deux topo-guides, reconnaissance de l'étape du lendemain, écriture du journal. Mon curry est épicé et savoureux, la bière est rafraîchissante et tout aussi savoureuse, et c'est en randonneur comblé que je rentre me coucher pour la douzième et dernière fois. Dans vingt-quatre heures, je serai de retour dans le monde du quotidien…
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stephen
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