De Sihlbrugg à Menzingen
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Après trois jours de pluie froide, continue et parfois intense, je suis agréablement surpris en me réveillant ce matin de voir un ciel qui, même s'il n'est pas vraiment bleu, n'est en tout cas pas en train de déverser des litres d'eau sur la Suisse centrale. C'est assez inespéré et, même si les prévisions pour la journée me font penser qu'une vraie sortie en montagne serait trop optimiste, je me dis qu'une balade en plaine devrait être possible. La vallée de la Sihl n'est pas bien loin, et une randonnée le long d'une rivière devrait être sympathique après toute cette pluie.
La Sihl prend sa source de dans les montagnes Hoch Ybrig, à la frontière des cantons Schwyz et de Glarus. Le torrent de montagne se transforme en lac au sud d'Einsiedeln, puis, redevenue rivière, coule le long d'une profonde vallée boisée jusqu'à Sihlbrugg. De là, elle continue par des paysages de plus en plus urbanisés, jusqu'à ce qu'elle termine sa course de manière peu glorieuse du côté des quartiers chauds de Zürich où elle rejoint la Limmat.
Un petit déjeuner vite avalé, un sac à dos vite rempli, un sandwich vite acheté (je n'avais pas prévu de sortir aujourd'hui !) et, après dix minutes de S-Bahn, me voici à la gare isolée de Sihlbrugg. La matinée est fraîche mais pas froide ; quelques passages ensoleillés alternent avec des passages nuageux plus ou moins menaçants mais globalement pas trop méchants. Tout est très vert pour la saison ; avec l'été humide que nous avons eu, la transformation habituelle des verts printaniers en bruns brûlés par le soleil n'a pas eu lieu. Le seul marron en vue est le brun-vert de la rivière, gonflée par les pluies des derniers jours et charriant pas mal de boue. Quelques arbres commencent à virer doucement au jaune, me rappelant que l'automne n'est pas bien loin. De nombreux petits torrents et rigoles traversent le sentier pour aller se jeter dans la rivière principale à contrebas.
Au bout d'une heure de marche sur une piste facile, la civilisation fait irruption au village de Sihlbrugg, étendue le long de la route cantonale et apparemment composé essentiellement de garages et de restaurants se proclamant "endroit de choix pour vos fêtes". Si jamais quelqu'un a envie de faire une petite fête à Sihlbrugg entre deux concessionnaires automobiles, sachez que la possibilité existe...
Quittant les bruits de la ville, le sentier s'engage de nouveau dans la vallée, désormais plus étroite et plus profondément entaillée dans le paysage. Je me fais doubler par une jeune femme en petite tenue qui fait un footing apparemment très sérieux, car elle consulte régulièrement un chronomètre. Elle part devant, mais la pente se redresse et elle ralentit son rythme jusqu'au pas. Ce qui est curieux, c'est que tout en marchant, elle conserve tous les mouvements corporels de quelqu'un qui court… mais au ralenti. Vu de 20 mètres en arrière, l'effet est assez comique. A Sennweid, un peu plus loin, il y a un pont couvert qui paraît très simple vu de l'extérieur, mais qui est bâti comme une cathédrale à l'intérieur, le petit détour vaut la peine.
J'arrive à Sihlsprung où, vu le nom, je m'attends à voir une belle cascade, un peu à la manière du Saut du Doubs. Mais il n'y a point de cascade, juste un endroit où la rivière se rétrécit, coule un peu plus vite et se fracasse contre quelques rochers. La vallée est étroite et rocheuse ici, et le sentier parcourt quatre ou cinq tunnels. Le premier, qui est aussi le plus long, peut être évité par un sentier qui le contourne par la gauche. Le tunnel a l'air sombre et bas de plafond et son entrée est flanquée de panneaux d'avertissement… j'opte pour le sentier extérieur. Les autres tunnels sont plus courts et sont reliés entre eux par des passages sous un grand surplomb assez impressionnant.
A Sihlmatt, au-delà des tunnels, la vallée s'élargit de nouveau et le paysage devient plus doux. Je passe devant une petite pisciculture où des truites bondissent dans des bassins en béton puis, cent mètres plus loin, devant un restaurant qui propose sa spécialité maison de truites grillées… de provenance très, très locale, peut-être ? Trois ânes viennent me dire bonjour ; plus loin, un lama m'ignore royalement alors que deux chevaux font la conversation en lançant des hennissements d'un côté de la vallée à l'autre. Il y a aussi l'inévitable jardin peuplé d'une belle collection de nains, où un bon mélange de contes de fée est en train de se jouer au milieu de la pelouse : Blanche-Neige et les sept nains, Bambi et petite sirène sont tous là. L'un des sept nains joue du cor des Alpes, petit détail oublié par Disney il me semble...
Quittant la vallée, je remonte maintenant vers Menzingen, ma destination du jour. Le ciel s'est assombri et les éclaircies du matin sont parties ailleurs, mais la pluie attendue ne vient pas. Le revêtement est goudronné mais le paysage est de toute beauté, un paysage rural idyllique inventé par un enfant de cinq ans, avec des fermes blottis dans de petites vallées vertes entourées de collines arrondies parfaites, coiffées chacune d'un arbre. Cet horizon très particulier est apparemment la conséquence d'une ancienne époque glaciaire, toutes ces petites collines sont de vieilles moraines recouvertes d'herbe au fil des millénaires. Ce paysage est très atypique et vraiment beau. J'arrive à la chapelle blanche de Stalden puis à Menzingen, village endormi dominé par son gros Kloster un peu incongru en cet endroit. Je viens de louper un bus mais il y en a un toutes les demi-heures, je serai bientôt de retour chez moi sans avoir eu besoin de sortir la veste de pluie.
Après trois jours de pluie froide, continue et parfois intense, je suis agréablement surpris en me réveillant ce matin de voir un ciel qui, même s'il n'est pas vraiment bleu, n'est en tout cas pas en train de déverser des litres d'eau sur la Suisse centrale. C'est assez inespéré et, même si les prévisions pour la journée me font penser qu'une vraie sortie en montagne serait trop optimiste, je me dis qu'une balade en plaine devrait être possible. La vallée de la Sihl n'est pas bien loin, et une randonnée le long d'une rivière devrait être sympathique après toute cette pluie.
La Sihl prend sa source de dans les montagnes Hoch Ybrig, à la frontière des cantons Schwyz et de Glarus. Le torrent de montagne se transforme en lac au sud d'Einsiedeln, puis, redevenue rivière, coule le long d'une profonde vallée boisée jusqu'à Sihlbrugg. De là, elle continue par des paysages de plus en plus urbanisés, jusqu'à ce qu'elle termine sa course de manière peu glorieuse du côté des quartiers chauds de Zürich où elle rejoint la Limmat.
Un petit déjeuner vite avalé, un sac à dos vite rempli, un sandwich vite acheté (je n'avais pas prévu de sortir aujourd'hui !) et, après dix minutes de S-Bahn, me voici à la gare isolée de Sihlbrugg. La matinée est fraîche mais pas froide ; quelques passages ensoleillés alternent avec des passages nuageux plus ou moins menaçants mais globalement pas trop méchants. Tout est très vert pour la saison ; avec l'été humide que nous avons eu, la transformation habituelle des verts printaniers en bruns brûlés par le soleil n'a pas eu lieu. Le seul marron en vue est le brun-vert de la rivière, gonflée par les pluies des derniers jours et charriant pas mal de boue. Quelques arbres commencent à virer doucement au jaune, me rappelant que l'automne n'est pas bien loin. De nombreux petits torrents et rigoles traversent le sentier pour aller se jeter dans la rivière principale à contrebas.
Au bout d'une heure de marche sur une piste facile, la civilisation fait irruption au village de Sihlbrugg, étendue le long de la route cantonale et apparemment composé essentiellement de garages et de restaurants se proclamant "endroit de choix pour vos fêtes". Si jamais quelqu'un a envie de faire une petite fête à Sihlbrugg entre deux concessionnaires automobiles, sachez que la possibilité existe...
Quittant les bruits de la ville, le sentier s'engage de nouveau dans la vallée, désormais plus étroite et plus profondément entaillée dans le paysage. Je me fais doubler par une jeune femme en petite tenue qui fait un footing apparemment très sérieux, car elle consulte régulièrement un chronomètre. Elle part devant, mais la pente se redresse et elle ralentit son rythme jusqu'au pas. Ce qui est curieux, c'est que tout en marchant, elle conserve tous les mouvements corporels de quelqu'un qui court… mais au ralenti. Vu de 20 mètres en arrière, l'effet est assez comique. A Sennweid, un peu plus loin, il y a un pont couvert qui paraît très simple vu de l'extérieur, mais qui est bâti comme une cathédrale à l'intérieur, le petit détour vaut la peine.
J'arrive à Sihlsprung où, vu le nom, je m'attends à voir une belle cascade, un peu à la manière du Saut du Doubs. Mais il n'y a point de cascade, juste un endroit où la rivière se rétrécit, coule un peu plus vite et se fracasse contre quelques rochers. La vallée est étroite et rocheuse ici, et le sentier parcourt quatre ou cinq tunnels. Le premier, qui est aussi le plus long, peut être évité par un sentier qui le contourne par la gauche. Le tunnel a l'air sombre et bas de plafond et son entrée est flanquée de panneaux d'avertissement… j'opte pour le sentier extérieur. Les autres tunnels sont plus courts et sont reliés entre eux par des passages sous un grand surplomb assez impressionnant.
A Sihlmatt, au-delà des tunnels, la vallée s'élargit de nouveau et le paysage devient plus doux. Je passe devant une petite pisciculture où des truites bondissent dans des bassins en béton puis, cent mètres plus loin, devant un restaurant qui propose sa spécialité maison de truites grillées… de provenance très, très locale, peut-être ? Trois ânes viennent me dire bonjour ; plus loin, un lama m'ignore royalement alors que deux chevaux font la conversation en lançant des hennissements d'un côté de la vallée à l'autre. Il y a aussi l'inévitable jardin peuplé d'une belle collection de nains, où un bon mélange de contes de fée est en train de se jouer au milieu de la pelouse : Blanche-Neige et les sept nains, Bambi et petite sirène sont tous là. L'un des sept nains joue du cor des Alpes, petit détail oublié par Disney il me semble...
Quittant la vallée, je remonte maintenant vers Menzingen, ma destination du jour. Le ciel s'est assombri et les éclaircies du matin sont parties ailleurs, mais la pluie attendue ne vient pas. Le revêtement est goudronné mais le paysage est de toute beauté, un paysage rural idyllique inventé par un enfant de cinq ans, avec des fermes blottis dans de petites vallées vertes entourées de collines arrondies parfaites, coiffées chacune d'un arbre. Cet horizon très particulier est apparemment la conséquence d'une ancienne époque glaciaire, toutes ces petites collines sont de vieilles moraines recouvertes d'herbe au fil des millénaires. Ce paysage est très atypique et vraiment beau. J'arrive à la chapelle blanche de Stalden puis à Menzingen, village endormi dominé par son gros Kloster un peu incongru en cet endroit. Je viens de louper un bus mais il y en a un toutes les demi-heures, je serai bientôt de retour chez moi sans avoir eu besoin de sortir la veste de pluie.
Tourengänger:
stephen
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