ViaJacobi: étape 5, de Fischenthal à Rapperswil
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English version
Cette étape de 20 kilomètres nous permet de découvrir les plus jolis paysages que nous avons vus depuis le début du chemin national No. 4. Malgré sa longueur, c’est une étape facile avec des dénivelés très modérés, plutôt en descente entre le Tösstal et les rives du lac de Zürich.
Il faut trois trains pour aller de Lucerne à Fischenthal (741 m) et la matinée est déjà bien avancée quand nous commençons à marcher. Malgré sa situation rurale, la gare de Fischenthal est desservie toutes les trente minutes dans chaque direction, et bénéficie même d’un horaire à écran tactile grand format plutôt que l’affiche jaune classique… il n’y a qu’en Suisse qu’on investirait autant dans les transports publics dans un endroit aussi reculé.
Depuis la gare, nous nous dirigeons vers le sud, longeant la voie ferrée et un ruisseau. Malgré le ciel bleu, le vent souffle assez fort, de sorte que la matinée ne puisse pas vraiment être qualifiée de printanière malgré les primevères qui fleurissent sur les talus et dans les jardins. Sur notre droite, le fond plat de la vallée est une réserve naturelle tourbeuse. La route principale se trouve assez loin de l’autre côté de la vallée et le bruit de la circulation n’est jamais gênante.
L’itinéraire pédestre rejoint la route à l’entrée de Gibswil (757 m). Je sais qu’il faut traverser le village, puis quitter la route sur la droite après les dernières maisons. J’ai mal lu la carte et nous bifurquons trop tôt, sur un chemin qui est balisé mais qui n’est pas celui de la ViaJacobi. Mais cette erreur s’avère être une bonne chose : notre variante accidentelle nous permet d’éviter le goudron et nous mène dans un décor sauvage et inattendu. Nous suivons une route d’alpage sur quelques mètres, puis un sentier étroit qui s’enfonce dans une vallée encaissée, presque une gorge, le long d’un ruisseau. Après quelques minutes, nous nous trouvons à la base d’un cirque rocheux avec, à son centre, une cascade qui descend depuis le haut de la falaise. En bas, des adolescents s’amusent dans une caverne qui s’est creusée sous le rocher en surplomb. Un sentier raide monte en lacets étroits jusqu’en haut des barres rocheuses, pour y retrouver le ruisseau avant son grand saut dans le vide. En regardant la carte, je vois que ce petit fil d’eau est la rivière Jona, vue ici tout près de sa source. Nous la reverrons plus tard dans la journée, bien plus large qu’ici.
Ce n’est qu’à ce point que je me rends compte de mon erreur de lecture de carte. Plutôt que de redescendre tout ce que nous venons de monter, nous poursuivons notre chemin, sachant que nous pourrons retrouver la ViaJacobi un peu plus loin. A la lisière de la forêt au-dessus de la ferme de Tannereggboden, notre variante nous offre la plus belle vue de la journée. Au-delà des bâtiments de la ferme, la vue s’ouvre vers le sud sur toute la vallée de la Jona avec, en arrière-plan, des montagnes enneigées de l’autre côté du lac de Zürich. La semaine a été froide et humide et les pentes herbeuses du versant est de la vallée sont elles aussi saupoudrées de neige.
Nous continuons jusqu’aux quelques maisons de Blegi (851 m), avant de descendre par une petite route raide jusqu’au hameau de Büel (821 m), où notre variante inopinée prend fin et nous retrouvons le chemin national No. 4, qui arrive depuis Gibswil par un chemin bien plus direct mais asphalté. A Büel il y a quelques belles maisons et aussi un nombre impressionnant de chats, de toutes les tailles et couleurs, qui sortent des cours de ferme pour se frotter contre nos jambes. L’un d’eux nous escorte jusqu’à la sortie du hameau, comme le font parfois les chiens de ferme. Devant l’une des maisons, un grand groupe familial est en train de chanter Joyeux Anniversaire en allemand et en anglais, avant de disparaitre à l’intérieur d’une grange, où on imagine sans peine une longue table dressée pour la fête, avec des saucisses qui grillent sur un barbecue.
Viennent ensuite quatre kilomètres de goudron à travers les hameaux de Hueb (791 m) et de Dieterswil (763 m). Heureusement, le paysage compense largement le revêtement dur sous nos pieds. A la sortie sud de Dieterswil, nous nous posons sur un banc pour pique-niquer, avec une belle vue sur la vallée et sur Wald, son village principal, juste en contrebas. De temps en temps des cyclistes passent, luttant contre un vent qui doit souffler juste assez fort pour gêner leur avancement.
Le goudron continue jusqu’à Tänler (751 m), d’où un sentier descend à travers champs. Soudain, le lac de Zürich apparaît loin devant, vaste étendue d’eau grise argentée. Je décide de ne pas prendre ce joli panorama en photo : il y aura certainement des vues encore plus belles sur le lac quand nous serons un peu plus bas. J’aurais pourtant dû immortaliser ce moment, car par la suite, le lac reste invisible jusqu’à la toute fin de l’étape à Rapperswil. Nous continuons par une alternance de pistes gravillonnées, de sentiers et de petites routes, traversons le village de Blattenbach (682 m), puis poursuivons en forêt au-dessus de la ligne de chemin de fer et de la rivière. Une descente courte et raide nous mène dans le fond de la vallée à Pilgersteg, où il faut traverser la route principale, la voie ferrée et la rivière l’une après l’autre, et où il y a un musée de la machine à coudre. Les machines en question auraient-elles été fabriquées, dans un passé plus ou moins lointaine, dans le bâtiment qui abrite désormais le musée ?
A Pilgersteg, il semble y avoir une contradiction entre le balisage et la carte. Juste après le musée et le pont sur la Jona, la carte indique qu’il faut tourner à gauche et monter en forêt en direction d’Oberfägswil. Sur le terrain, il n’y a aucun signe de ce chemin : les panneaux jaunes indiquent même qu’il faut traverser la route et continuer vers l’ouest le long de celle-ci (itinéraire qui n’est pas marqué comme chemin de randonnée sur la carte). Ne voulant pas nous écarter trop de notre chemin et nous engouffrer dans la ville de Rüti, nous quittons rapidement la route principale en prenant la première à gauche, qui nous mène à Unterfägswil, puis à Oberfägswil (573 m), où nous retombons sur le balisage de la ViaJacobi.
La tendance générale reste à la descente, mais plus doucement désormais. Nous traversons une zone boisée assez étendue où de nombreux petits ruisseaux se hâtent vers la Jona, puis le lac. Seul un Vitaparcours sponsorisé par une compagnie d’assurances trahit la proximité immédiate des premières maisons de Rüti. A Weier (517 m), au milieu de champs occupés par des centaines de poules, il y a une auberge pour les pèlerins qui font la « vraie » ViaJacobi jusqu’à Compostelle, plutôt que le tout petit bout que représente le chemin suisse No. 4. A partir d’ici, petit à petit, l’environnement se fait moins rural, même si le paysage reste agréable. De nouveau sur goudron, nous traversons les hameaux d’Ober Moos (466 m) et Unter Moos (460 m) : le nom Moos donne une bonne indication du caractère marécageux des environs. Nous croisons des promeneurs à pied et à cheval, franchissons la Jona, devenue beaucoup plus large et qui marque ici la limite cantonale entre Zürich et Saint-Gall, puis passons au-dessus d’une autoroute : pas de doute, la ville n’est plus très loin. Nous contournons la grande clairière marécageuse de Moosriet, avant d’arriver dans l’agglomération de Rapperswil-Jona à Grunau (435 m).
La dernière demi-heure de l’étape, entre Grunau et le bord du lac à Rapperswil, nous fait marcher le long de rues résidentielles tranquilles et réussit à éviter les grands axes de circulation presque jusqu’au bout. A côté du chemin, une fenêtre de premier étage est occupée par un mannequin de taille réelle, nue sauf un soutien-gorge et une culotte en dentelle rouge. Nous nous demandons s’il s’agit d’une installation artistique, d’un magasin de sous-vêtements ou d’un autre type de commerce… Quelques gouttes de pluie nous accueillent au bord du lac, sous la vieille ville de Rapperswil avec son château et ses ruelles bordées de vieilles maisons.
Malgré un pourcentage élevé de goudron, cette étape a été très agréable. La branche de la ViaJacobi qui part de Konstanz est derrière moi, maintenant je reviendrai en arrière pour faire celle qui part de Rorschach pour arriver elle aussi à Rapperswil.
Première étape de la branche de Rorschach
Étape précédente
Cette étape de 20 kilomètres nous permet de découvrir les plus jolis paysages que nous avons vus depuis le début du chemin national No. 4. Malgré sa longueur, c’est une étape facile avec des dénivelés très modérés, plutôt en descente entre le Tösstal et les rives du lac de Zürich.
Il faut trois trains pour aller de Lucerne à Fischenthal (741 m) et la matinée est déjà bien avancée quand nous commençons à marcher. Malgré sa situation rurale, la gare de Fischenthal est desservie toutes les trente minutes dans chaque direction, et bénéficie même d’un horaire à écran tactile grand format plutôt que l’affiche jaune classique… il n’y a qu’en Suisse qu’on investirait autant dans les transports publics dans un endroit aussi reculé.
Depuis la gare, nous nous dirigeons vers le sud, longeant la voie ferrée et un ruisseau. Malgré le ciel bleu, le vent souffle assez fort, de sorte que la matinée ne puisse pas vraiment être qualifiée de printanière malgré les primevères qui fleurissent sur les talus et dans les jardins. Sur notre droite, le fond plat de la vallée est une réserve naturelle tourbeuse. La route principale se trouve assez loin de l’autre côté de la vallée et le bruit de la circulation n’est jamais gênante.
L’itinéraire pédestre rejoint la route à l’entrée de Gibswil (757 m). Je sais qu’il faut traverser le village, puis quitter la route sur la droite après les dernières maisons. J’ai mal lu la carte et nous bifurquons trop tôt, sur un chemin qui est balisé mais qui n’est pas celui de la ViaJacobi. Mais cette erreur s’avère être une bonne chose : notre variante accidentelle nous permet d’éviter le goudron et nous mène dans un décor sauvage et inattendu. Nous suivons une route d’alpage sur quelques mètres, puis un sentier étroit qui s’enfonce dans une vallée encaissée, presque une gorge, le long d’un ruisseau. Après quelques minutes, nous nous trouvons à la base d’un cirque rocheux avec, à son centre, une cascade qui descend depuis le haut de la falaise. En bas, des adolescents s’amusent dans une caverne qui s’est creusée sous le rocher en surplomb. Un sentier raide monte en lacets étroits jusqu’en haut des barres rocheuses, pour y retrouver le ruisseau avant son grand saut dans le vide. En regardant la carte, je vois que ce petit fil d’eau est la rivière Jona, vue ici tout près de sa source. Nous la reverrons plus tard dans la journée, bien plus large qu’ici.
Ce n’est qu’à ce point que je me rends compte de mon erreur de lecture de carte. Plutôt que de redescendre tout ce que nous venons de monter, nous poursuivons notre chemin, sachant que nous pourrons retrouver la ViaJacobi un peu plus loin. A la lisière de la forêt au-dessus de la ferme de Tannereggboden, notre variante nous offre la plus belle vue de la journée. Au-delà des bâtiments de la ferme, la vue s’ouvre vers le sud sur toute la vallée de la Jona avec, en arrière-plan, des montagnes enneigées de l’autre côté du lac de Zürich. La semaine a été froide et humide et les pentes herbeuses du versant est de la vallée sont elles aussi saupoudrées de neige.
Nous continuons jusqu’aux quelques maisons de Blegi (851 m), avant de descendre par une petite route raide jusqu’au hameau de Büel (821 m), où notre variante inopinée prend fin et nous retrouvons le chemin national No. 4, qui arrive depuis Gibswil par un chemin bien plus direct mais asphalté. A Büel il y a quelques belles maisons et aussi un nombre impressionnant de chats, de toutes les tailles et couleurs, qui sortent des cours de ferme pour se frotter contre nos jambes. L’un d’eux nous escorte jusqu’à la sortie du hameau, comme le font parfois les chiens de ferme. Devant l’une des maisons, un grand groupe familial est en train de chanter Joyeux Anniversaire en allemand et en anglais, avant de disparaitre à l’intérieur d’une grange, où on imagine sans peine une longue table dressée pour la fête, avec des saucisses qui grillent sur un barbecue.
Viennent ensuite quatre kilomètres de goudron à travers les hameaux de Hueb (791 m) et de Dieterswil (763 m). Heureusement, le paysage compense largement le revêtement dur sous nos pieds. A la sortie sud de Dieterswil, nous nous posons sur un banc pour pique-niquer, avec une belle vue sur la vallée et sur Wald, son village principal, juste en contrebas. De temps en temps des cyclistes passent, luttant contre un vent qui doit souffler juste assez fort pour gêner leur avancement.
Le goudron continue jusqu’à Tänler (751 m), d’où un sentier descend à travers champs. Soudain, le lac de Zürich apparaît loin devant, vaste étendue d’eau grise argentée. Je décide de ne pas prendre ce joli panorama en photo : il y aura certainement des vues encore plus belles sur le lac quand nous serons un peu plus bas. J’aurais pourtant dû immortaliser ce moment, car par la suite, le lac reste invisible jusqu’à la toute fin de l’étape à Rapperswil. Nous continuons par une alternance de pistes gravillonnées, de sentiers et de petites routes, traversons le village de Blattenbach (682 m), puis poursuivons en forêt au-dessus de la ligne de chemin de fer et de la rivière. Une descente courte et raide nous mène dans le fond de la vallée à Pilgersteg, où il faut traverser la route principale, la voie ferrée et la rivière l’une après l’autre, et où il y a un musée de la machine à coudre. Les machines en question auraient-elles été fabriquées, dans un passé plus ou moins lointaine, dans le bâtiment qui abrite désormais le musée ?
A Pilgersteg, il semble y avoir une contradiction entre le balisage et la carte. Juste après le musée et le pont sur la Jona, la carte indique qu’il faut tourner à gauche et monter en forêt en direction d’Oberfägswil. Sur le terrain, il n’y a aucun signe de ce chemin : les panneaux jaunes indiquent même qu’il faut traverser la route et continuer vers l’ouest le long de celle-ci (itinéraire qui n’est pas marqué comme chemin de randonnée sur la carte). Ne voulant pas nous écarter trop de notre chemin et nous engouffrer dans la ville de Rüti, nous quittons rapidement la route principale en prenant la première à gauche, qui nous mène à Unterfägswil, puis à Oberfägswil (573 m), où nous retombons sur le balisage de la ViaJacobi.
La tendance générale reste à la descente, mais plus doucement désormais. Nous traversons une zone boisée assez étendue où de nombreux petits ruisseaux se hâtent vers la Jona, puis le lac. Seul un Vitaparcours sponsorisé par une compagnie d’assurances trahit la proximité immédiate des premières maisons de Rüti. A Weier (517 m), au milieu de champs occupés par des centaines de poules, il y a une auberge pour les pèlerins qui font la « vraie » ViaJacobi jusqu’à Compostelle, plutôt que le tout petit bout que représente le chemin suisse No. 4. A partir d’ici, petit à petit, l’environnement se fait moins rural, même si le paysage reste agréable. De nouveau sur goudron, nous traversons les hameaux d’Ober Moos (466 m) et Unter Moos (460 m) : le nom Moos donne une bonne indication du caractère marécageux des environs. Nous croisons des promeneurs à pied et à cheval, franchissons la Jona, devenue beaucoup plus large et qui marque ici la limite cantonale entre Zürich et Saint-Gall, puis passons au-dessus d’une autoroute : pas de doute, la ville n’est plus très loin. Nous contournons la grande clairière marécageuse de Moosriet, avant d’arriver dans l’agglomération de Rapperswil-Jona à Grunau (435 m).
La dernière demi-heure de l’étape, entre Grunau et le bord du lac à Rapperswil, nous fait marcher le long de rues résidentielles tranquilles et réussit à éviter les grands axes de circulation presque jusqu’au bout. A côté du chemin, une fenêtre de premier étage est occupée par un mannequin de taille réelle, nue sauf un soutien-gorge et une culotte en dentelle rouge. Nous nous demandons s’il s’agit d’une installation artistique, d’un magasin de sous-vêtements ou d’un autre type de commerce… Quelques gouttes de pluie nous accueillent au bord du lac, sous la vieille ville de Rapperswil avec son château et ses ruelles bordées de vieilles maisons.
Malgré un pourcentage élevé de goudron, cette étape a été très agréable. La branche de la ViaJacobi qui part de Konstanz est derrière moi, maintenant je reviendrai en arrière pour faire celle qui part de Rorschach pour arriver elle aussi à Rapperswil.
Première étape de la branche de Rorschach
Étape précédente
Tourengänger:
stephen
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