Gotthardpass

Relier à pied les 2 côtés du tunnel du Gothard, je l'avais dans la tête depuis un moment, mais ce n'est pas la plus enthousiasmante des randonnées, donc j'attendais un moment particulier. L'idée de le faire pas longtemps avant sa fermeture hivernale me semblait bien - dans les conditions où je l'ai fait, ce fut encore mieux !

Je pars d'Airolo (1141m) très tôt, avec le 1er train depuis Zurich. Grand ciel bleu alors que c’était complètement bouché et humide de l'autre côté du tunnel, comme souvent. Le soleil se lève dans l’axe de la vallée de la Léventine. Pourtant, dès les premiers mètres, je m'aperçois que cette météo parfaite ne le restera pas longtemps… Le puissant vent du Nord m’envoie très rapidement les premières gouttes en provenance des nuages au-dessus du col.

Au début de la Via Tremola (1750m), je me demande même si je veux continuer, n’étant pas équipé pour faire 6 heures de marche sous la pluie horizontale. Mais je persiste, car se retrouver seul sur les pavés de  l’ancienne route du Saint-Gothard est une expérience unique. J’ai tout le temps du monde de prendre des photos d’un monde perdu, où les humains semblent avoir disparu.

Après les derniers lacets, le sentier ne longe plus la route et le brouillard s’épaissit. Le givre apparaît sur la végétation. Au loin, j’entends des voitures, sur la nouvelle route, sans les voir. Je débarque brusquement derrière l’Hospice (2091m) et je rejoins quelques touristes ne profitant pas vraiment de la météo, surtout que ça a tourné au grésil puisqu’il fait à peine 2°C.

Je ne vois pas vraiment le besoin de s’arrêter, donc je continue rapidement jusqu’au col du Saint-Gothard (2111m), en direction de l’Urserental, d’un pas soutenu pour me réchauffer. Cette vallée, sans beaucoup de visibilité, ne m’inspire pas vraiment. Je fais une pause juste avant d’attaquer la dernière descente vers Hospental (1452m) et la vallée de la Reuss.

Il y a un peu plus d’horizon, et on voit bien au loin la forêt de grue du nouveau quartier en construction à la sortie d’Andermatt (1436m). Pour atteindre la gare, il faut serpenter entre les parcours du golf, ce qui prend encore une heure.

La dernière partie, la gorge de Schöllenen vers Göschenen, était également dans mon backlog. Mais le sentier était souvent bloqué ces dernières années à cause d’éboulement et de travaux. Et je dois dire que du très bon travail a été fait pour sécuriser les passages dangereux, mais également pour rendre sa visite intéressante, en particulier autour du Teufelsbrücke (1405m). Je m’étonne d’ailleurs des nombreux randonneurs présents, n’en ayant croisé que 2 depuis Airolo…

Je rejoins dans la grisaille la gare de Göschenen (1106m) (je l’ai d’ailleurs rarement connu autrement…) avant de prendre un train, bien rempli de passagers en tee-shirt, qui souffriront des 10 degrés de moins en arrivant à Zurich…